• 12 septembre 2007

    Depuis Bruxelles (Belgique)



    Jean-Claude Paye et son ouvrage « La fin de l'État de droit » (Éditions de La Dispute, 2004. Son second ouvrage : « The Global War on Liberty », Telos Press Publishing, 2007)

    Silvia Cattori : En lisant vos deux ouvrages La fin de l'État de droit. La lutte antiterroriste : de l'état d'exception à la dictature et Global War on Liberty [1] on comprend une chose que les responsables politiques veulent nous cacher : que toutes les mesures prises dans le cadre du Patriot Act [2] —présentées comme devant concerner des organisations terroristes— ont été généralisées et touchent désormais l'ensemble des citoyens. On peine à comprendre comment les États européens ont pu approuver l'abandon de leur ordre légal et soumettre leurs sociétés à ces lois d'exception ?

    Jean-Claude Paye : Il n'y a rien en effet dans les accords européens d'extradition, signés en 2003, qui empêche les citoyens européens d'êtres traînés devant les juridictions d'exception des États-Unis. Il faut savoir que ces accords, qui légitiment ces Tribunaux d'exception, sont le résultat d'années de négociations secrètes. Ils ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Une partie du texte concernant ces accords a été rendue visible parce qu'elle devait être ratifiée par le Congrès des États-Unis.

    Du côté européen, il n'était pas nécessaire de les faire ratifier par le Parlement européen et les Parlements des États membres n'ont eu aucune possibilité d'influer sur le contenu des accords. Ce sont de simples fonctionnaires mandatés par les divers États membres qui négocient au niveau européen.

    Silvia Cattori : Mais, en signant ces accords, le Conseil européen a précipité nos pays dans un univers kafkaïen ! Si ces accords n'ont pas été ratifiés par le Parlement européen pourquoi les avoir acceptés ?

    Jean-Claude Paye : Ils n'ont pas été ratifiés —le Parlement européen a seulement un avis consultatif— mais ils ont force de loi. C'est très révélateur de la structure impériale mise en place. On peut voir que la seule structure étatique souveraine qui subsiste, ce sont les États-Unis. L'Union européenne, par exemple, est une structure tout à fait éclatée.

    Silvia Cattori : À quel niveau cette négociation a-t-elle lieu ?

    Jean-Claude Paye : Au niveau des représentants du Conseil européen. Ce sont des fonctionnaires qui ne doivent quasiment pas rendre de comptes. Ce sont les délégués permanents en charge des affaires de police et justice, désignés par les États membres. Ce sont des fonctionnaires européens ou nationaux qui deviennent des satellites de l'Administration des États-Unis. Cela est valable au plan judiciaire, mais aussi au plan économique.

    Silvia Cattori : L'Union européenne n'est donc pas intéressée à protéger ses citoyens. Tout lui échappe ?

    Jean-Claude Paye : Oui, évidemment. On l'a construite de façon à ce que tout lui échappe. Cela montre que l'Union européenne n'est pas une alternative à la puissance des États-Unis. Au contraire, elle est intégrée dans cette puissance impériale, elle en est un simple relais [3]

    Avant le 11 septembre 2001 les États-Unis négociaient de façon bilatérale. À l'époque, ils hésitaient à négocier avec une entité comme l'Europe des quinze car il y avait toujours un État membre qui n'était pas d'accord. Avec les attentats du 11 septembre, les choses se sont accélérées et simplifiées pour les États-Unis. Ils continuent de négocier des accords bilatéraux mais, maintenant, ils traitent aussi directement avec l'Union européenne parce qu'ils ont le rapport de force nécessaire pour que leurs demandes soient d'emblée acceptées. On l'a vu lors des accords concernant les données de surveillance des passages aériens. Un premier accord avait été signé en 2004, puis un second en 2006 et un troisième en 2007. À chaque fois, les États-Unis ont augmenté leurs exigences.

    L'accord sur les données concernant les voyageurs qui se rendent aux États-Unis —entré en vigueur le 29 juillet 2007— est un bel exemple. Dans cet accord, les Européens ont vidé de leur substance toutes les protections légales, nationales et européennes, qui existent en matière de données personnelles. Celles-ci sont accessibles 72 heures avant l'embarquement. Les compagnies aériennes doivent transmettre le numéro des cartes bancaires, le trajet que vous ferez aux États-Unis. Ces derniers ont le droit d'empêcher l'accès au territoire, ils ont tous les droits. Les citoyens étrangers ne sont pas protégés par les lois des États-Unis. Lors des négociations, Washington a concédé que les Européens seraient traités comme les citoyens des États-Unis, mais il s'agit là d'un privilège concédé par l'administration, qui n'a pas force de loi et sur lequel le pouvoir exécutif peut revenir.

    Silvia Cattori : Plus rien ne s'oppose à la mise en place d'un système policier ?

    Jean-Claude Paye : Évidemment ! Les gouvernements européens veulent réaliser la même prise en main de nos libertés. Les exigences des États-Unis leur en donnent l'occasion. Ils vous disent : « Nous sommes obligés d'accepter les demandes des États-Unis car les compagnies européennes ne pourront plus atterrir là bas ». Ils agissent comme si les États européens n'avaient aucun moyen de rétorsion et ne pouvaient pas, à leur tour, interdire aux compagnies US d'atterrir en Europe. En fait, ils veulent faire la même chose que l'administration états-unienne. Il y a déjà le projet d'instaurer des échanges d'information similaires au niveau européen.

    Silvia Cattori : En Grande-Bretagne, les lois « antiterroristes » permettent de poursuivre toute personne tenant des propos considérés comme susceptibles de « créer une atmosphère favorable au terrorisme ». Ces lois peuvent-elles également s'étendre à d'autres États ?

    Jean-Claude Paye : Oui. En Grande-Bretagne, le gouvernement Blair a pu criminaliser toute forme d'opposition radicale à sa politique étrangère par le biais de la loi. Sur le continent, les États cherchent à agir par le biais de la jurisprudence. Il y a eu un procès fort intéressant concernant des militants et sympathisants du DHKPC en Belgique, une organisation d'opposition radicale turque [4], qui montre comment le pouvoir cherche à créer des tribunaux d'exception pour faire passer une jurisprudence d'exception. Par la création de ces tribunaux le pouvoir cherche à criminaliser toute forme de soutien, même verbal, à des groupes labellisés comme « terroristes » par les États-Unis, inscrits ensuite dans la liste européenne des organisations « terroristes ».

    Silvia Cattori : En somme, ces lois « antiterroristes » mises en place après les attentats du 11 septembre 2001, servent non seulement les desseins de l'administration Bush, mais aussi ceux des gouvernements européens ?

    Jean-Claude Paye : Les mesures dont nous parlons ont été mises en place avant le 11 septembre 2001. Le Patriot Act réunit un ensemble de mesures qui existaient déjà partiellement. Le but du Patriot Act n'était pas uniquement d'imposer les mesures prises, mais de leur donner une légitimité. Ce qui était parcellaire, dispersé, est maintenant rassemblé en une seule loi. Ce qui donne une légitimité aux mesures qui sont prises.

    Silvia Cattori : Peut-on en déduire que les États-Unis avaient besoin d'un grand attentat pour faire passer en force cette modification du droit pénal ?

    Jean-Claude Paye : Bien évidemment ! Il faut savoir que le Patriot Act, qui a été déposé trois jours après les attentats, comprend 128 pages. Le système pénal des États-Unis est complexe, il fonctionne par renvois. Cela veut dire qu'une loi modifie le contenu d'autres lois pénales. Si on prend l'ensemble des modifications, cela correspond à 350 pages. Il faut au moins un an pour rédiger un tel texte.

    Au niveau de l'Union européenne, ce n'est pas moins caricatural. Les deux décisions cadre —celle relative aux organisations « terroristes » et celle relative au mandat d'arrêt européen— ont été déposées une semaine après les attentats. Là aussi il s'agit de textes qui étaient prêts. On attendait une occasion pour les faire passer.

    Silvia Cattori : Ce qui veut dire que M. Bush depuis 2001, M. Sarkozy maintenant, peuvent se servir de ces procédures d'exception pour transformer en ennemis qui ils veulent ? (comme on pouvait faire en URSS)

    Jean-Claude Paye : Au moment où ces textes ont été adoptés, on avait déjà une bonne idée de ce à quoi ils pouvaient conduire. La liste des réseaux « terroristes » vient de l'Union européenne. C'est un règlement européen de 2001 qui la met en place. Dans mon livre La fin de l'État de droit, je prends le cas d'un communiste philippin, José Maria Sison, un réfugié politique reconnu qui avait obtenu l'asile politique aux Pays-Bas. Inscrit sur la liste « terroriste » des États-Unis, son nom a été ensuite transcrit sur la liste « terroriste » hollandaise. M. Sison a appris qu'il était inscrit sur la liste « terroriste », quand on a bloqué ses comptes et qu'on l'a expulsé du logement social qu'on lui avait attribué. Il a été par la suite retiré de la liste hollandaise mais comme, entre temps, il avait été inscrit sur la liste européenne du Conseil, le gouvernement hollandais s'est servi du prétexte que M. Sison figurait sur la liste « terroriste » européenne, pour maintenir les dispositions qu'il ne pouvait pas justifier. (quelle horreur ! c'est un cauchemar de Kafka)

    Ce qui est intéressant dans ce cas, c'est que, le 11 juillet 2007, la Cour européenne de Luxembourg a cassé la décision du Conseil européen. Elle a stipulé qu'il n'y avait pas de raison d'inscrire M. Sison sur la liste « terrorisme » du Conseil qui permet le blocage des comptes. Le jugement stipule bien que c'est l'absence de « motifs pertinents » et le non-respect des droits de la défense qui ont fait que la décision du Conseil européen a été cassée.

    Cependant, le 28 août, M. Sison a été une nouvelle fois arrêté par la police hollandaise, en violation de la décision de la Cour de justice. Ce cas est significatif des rapports qu'il y a aujourd'hui entre la Justice —qui est la dernière institution de résistance à la concentration des pouvoirs aux mains de l'exécutif— et la police. Cela montre que la police fait ce qu'elle veut, en violant les décisions de justice.

    Silvia Cattori : Il semblerait que la première transcription sur la liste « terroriste » française des décrets promulgués récemment par M. George Bush, qui criminalisent les organisations et individus s'opposant à la politique actuelle en Irak et au Liban, a commencé. Une liste de noms pourrait être prochainement publiée conjointement par la France et les États-Unis. Quand le dispositif législatif relatif au blanchiment fut voté en janvier 2006 par le Parlement en France [5], personne ne s'est douté qu'il servirait à frapper des opposants politiques ?

    Jean-Claude Paye : Dans chaque pays, il y a une liste interne des organisations « terroristes ». Généralement, il s'agit de la simple transcription de la liste du Conseil européen, à laquelle il est ajouté des éléments complémentaires.

    Je l'apprends en ce qui concerne le Liban. Il semble ici qu'on a ajouté des éléments complémentaires sur les éléments d'opposition politique au Liban. Il serait intéressant de savoir si ces éléments vont être intégrés dans la liste du Conseil européen.

    Ce n'est pas un Tribunal qui déclare qu'un tel est « terroriste » ; c'est une simple autorité administrative qui vous inscrit, sans qu'il y ait aucune explication justifiant de vous mettre sur cette liste « terroriste ». (l'Europe est devenue aussi totalitaire et arbitraire que l'était la Chine de Mao !)

    Silvia Cattori : Qu'est-ce que tout cela vous inspire ?

    Jean-Claude Paye : Cela montre que presque tous les pouvoirs sont actuellement concentrés entre les mains de l'exécutif. Que l'exécutif a maintenant des pouvoirs judiciaires. C'est le pouvoir exécutif qui décide que l'on peut prendre telle ou telle mesure à votre égard.

    L'exemple touchant l'opposition au Liban et l'exemple de José Maria Sison, sont exactement la même chose. Il s'agit de décisions sans motivations. Sauf, qu'avec le Liban, il y a une extension, puisqu'il ne suffit pas d'être membre d'une organisation qui est désignée comme « terroriste » pour être incriminé, mais d'avoir simplement des contacts avec ses membres. C'est une tendance générale qui prévaut au niveau de l'application des législations « antiterroristes ».

    Silvia Cattori : Donc, le but du Patriot Act et des autres lois « antiterroristes », est celui de s'attaquer aux libertés fondamentales ?

    Jean-Claude Paye : Oui, l'objectif est de supprimer les libertés fondamentales.

    Silvia Cattori : On aurait pu s'attendre à ce que toutes les forces politiques dénoncent ces normes d'exception. La gauche, qui se présente comme défenseur de la justice sociale, ne devrait-elle pas se mobiliser, exiger que l'on revienne tout de suite à l'État de droit ?

    Jean-Claude Paye : La Gauche ? Quelle gauche ? Regardez aux États-Unis. Les démocrates votent les lois les plus liberticides élaborées par le Parti républicain. Le Military Commission Act, adopté en 2006, a été voté également par une partie du Parti démocrate qui, pourtant, est majoritaire à la Chambre et avait la possibilité d'empêcher cette loi de passer.

    Chez nous, c'est la même chose. On ne voit pas la différence avec la droite quand la gauche est au pouvoir, mise à part une accélération, comme c'est le cas avec le président Sarkozy. Par exemple, en France, les premières mesures de surveillance du net, des mesures de surveillance globale, ont été mises en place par le gouvernement de Lionel Jospin.

    Le seul appareil qui manifeste une petite résistance est l'appareil judiciaire. Aux États-Unis, il y a des arrêtés pris par l'exécutif qui sont cassés. Par exemple, quand la Cour de cassation en Belgique casse pour vice de forme le jugement en appel des militants du DHKCP, c'est une résistance à l'appareil judiciaire. Le problème est qu'il n'y aucun relais dans la société civile. Cette absence de relais s'ajoute au silence des médias. On ne peut pas espérer d'une institution isolée qu'elle puisse mener longtemps la résistance.

    Silvia Cattori : Mais c'est une attaque contre la liberté d'opinion qui s'étend au monde entier. Il est donc capital que les partis politiques se préoccupent de ces dérives et que les citoyens sachent que ces nouvelles lois permettent, sur la base d'un simple soupçon, de maintenir n'importe qui en prison sans inculpation et sans procès, que plus personne n'est protégé par la loi, qu'il s'agit d'un arbitraire total ! Comment expliquer que, dans les Forum sociaux, les alter mondialistes, les responsables d'Attac, ne mettent pas ces questions au centre du débat ?

    Jean-Claude Paye : Ils n'en parlent pas. Ils ne veulent pas en parler. Cela touche aux problèmes fondamentaux. Ils ne veulent pas parler de ces problèmes car ils devraient affronter directement le pouvoir. Ces préoccupations sont secondaires pour eux. Elles ne font pas non plus partie du programme d'Attac. Ils parlent de la taxe Tobin, de choses périphériques. On est dans une société psychotique, une société du non affrontement.

    Ce ne sont jamais les partis qui gouvernent qui protègent les citoyens. Chaque fois que les partis ont fait passer des mesures favorables aux citoyens, c'est parce qu'il y avait un rapport de force qui les y a obligés. La démocratie se conquiert chaque jour, elle n'est jamais octroyée.

    Si vous étudiez et expliquez ces lois « antiterroristes » là, vous dévoilez exactement la nature du pouvoir. Vous ne pouvez plus parler de pouvoir démocratique, vous voyez une société qui est déjà en marche vers la dictature. Vous voyez que chaque nouvelle mesure prise est pire que la précédente. Les choses sont très claires. Mais on se refuse à les voir comme elles sont.

    Le problème fondamental n'est pas que le pouvoir se transforme en dictature, car, comme l'histoire le montre, un pouvoir incontrôlable se transforme toujours en dictature. Le problème fondamental de notre époque est l'abdication des gens devant ce processus. Et cela est un phénomène assez nouveau. Les gens abandonnent au pouvoir et à la machine économique leurs libertés ; et à terme, vu les problèmes environnementaux et climatiques, leur survie en tant qu'espèce vivante.

    Silvia Cattori : Depuis quand aviez-vous pressenti que les choses allaient évoluer dans ce sens, et que des gens qui critiquent le système politique et médiatique allaient être interdits de parole ?

    Jean-Claude Paye : Dès la fin des années 90. Déjà à cette époque, on voyait se mettre en place cet État policier. Mais les lois mises en place à l'époque semblent presque démocratiques par rapport à ce que nous voyons aujourd'hui. Le processus connaît une forte accélération.

    Silvia Cattori : Cela signifie que l'Autorité exécutive des États-Unis s'attaque directement aux droits fondamentaux des citoyens du monde entier, dont ceux de l'Union européenne !?

    Jean-Claude Paye : Oui évidemment ! Mais il ne s'agit pas seulement de l'exécutif états-unien, mais l'ensemble des exécutifs de la planète entre lesquels il y a une vraie solidarité contre leurs populations. Les prisons secrètes de la CIA sont un bon exemple de ce processus [6]. Au niveau européen, des administrations ont directement été intégrées dans cette organisation de la torture. Dans le meilleur des cas, tout ce que l'on a pu obtenir des gouvernements européens est qu'ils se comportent comme les trois petits singes : aveugles, sourds et muets [7].

    Silvia Cattori : Que va-t-il advenir à ceux qui sont inscrits sur ces listes « terroristes », qui, elles, demeurent secrètes ?

    Jean-Claude Paye : Les listes « terroristes » ne sont pas toutes secrètes. Au niveau européen, seule la liste « Europol » est secrète. Elle permet de prendre des mesures de surveillance et la mise en œuvre de techniques spéciales de surveillance et de recherches secrètes à propos de personnes désignées comme « terroristes » [8].

    La liste du Conseil européen permet de prendre des mesures financières, tel le blocage des comptes bancaires. Tous ces éléments vont être utilisés si le rapport de force est favorable au pouvoir en place. La première chose à faire est de révéler ce qui se passe, de diffuser le maximum d'informations et de faire en sorte que ces listes soient connues.

    Silvia Cattori : Cela ne vous suggère aucune analogie ?

    Jean-Claude Paye : Oui, le climat des années trente. Mais, actuellement, il se met en place une dictature mondiale. Une espèce de « meilleur des monde » et non un simple processus de « fascisation ».

    Silvia Cattori : Depuis 2001, on kidnappe des gens, on torture des prétendus « terroristes » d'origine arabe et de confession musulmane. Doit-on s'attendre à ce que, demain, on punisse ceux qui dénoncent ces abus ?

    (ça se fait déjà ! : http://www.leclea.be/pages/unsymbole.html )

    Jean-Claude Paye : L'empire a besoin d'ennemis. Il créé, il invente ses propres ennemis.

    La première chose à faire est de montrer ce qui est caché [9]. Il y a tant de lois permettant de faire n'importe quoi, n'importe quand ! Mais cela se fait en fonction de la résistance immédiate des intéressés. Auparavant, il y avait un cadre législatif qui nous protégeait. Maintenant, ils peuvent faire n'importe quoi si ils ont la capacité de l'imposer. Aujourd'hui, les choses reposent sur un pur rapport de force.

    Silvia Cattori : M. Dick Marty [10], mandaté par le Conseil de l'Europe, pourra-t-il obtenir de l'Union européenne qu'elle annule ces listes illégales ?

    Jean-Claude Paye : Le rapport que M. Dick Marty a rédigé est très important ! Son rapport fait tache, il s'oppose à la ligne politique des gouvernements européens. Mais, dans les faits, M. Marty n'a aucun pouvoir ; son rapport n'a rien pu changer car il est à contre courant. Ce rapport est cependant essentiel.

    Silvia Cattori : Ces politiques qui nous parlent de justice et de liberté, c'est du vent ?

    Jean-Claude Paye : Il faut être lucides, montrer les choses telles qu'elles sont. Ceux qui font des critiques en se limitant à dire : « Oui il faut des lois antiterroristes, c'est nécessaire de lutter contre le terrorisme, mais il faut éviter les abus » ne font que légitimer le point de vue du pouvoir. Il faut montrer que les lois, qui ont pour but déclaré de lutter contre le « terrorisme », sont en fait des lois contre les populations.

    La dernière loi promulguée aux États-Unis, le Military Commission Act, est une loi constitutionnelle de portée mondiale, comme je le démontre dans mon dernier livre Global war on Liberty. Le président des États-Unis a la possibilité de désigner comme ennemi tout citoyen états-unien ou tout ressortissant d'un pays avec lequel les USA ne sont pas en guerre. La gestion des populations, citoyens états-uniens compris, devient un acte de guerre et non plus seulement une action de police.

    Prenons l'exemple de l'Accord Swift. Swift est une agence belge qui s'occupe des transferts financiers internationaux. Swift a transmis, depuis 2001, toutes les informations sur les transactions de ses clients en violant, non seulement la législation belge, mais la législation européenne [11]. C'est le droit des États-Unis qui s'applique en Europe.

    Tout ce qui est dit par l'administration états-unienne est du domaine de la foi. La thèse gouvernementale sur les attentats du 11 septembre, personne ne peut rationnellement la croire. Le rapport de la Commission n'indique même pas qu'une troisième tour s'est effondrée. C'est un rapport psychotique dans lequel le discours du maître se substitue aux faits eux-mêmes. Un récent sondage Zogby montre que la majorité des États-uniens souhaite la réouverture de l'enquête [12]. Alors qu'en Europe, le simple fait de poser des questions est stigmatisé.

    Silvia Cattori : Quel mécanisme reste-t-il pour exiger le retour à un État de droit ?

    Jean-Claude Paye : Il faut mettre les choses à plat. Parler clairement. Montrer les enjeux. Cela dépend de la capacité de résistance des gens.

    La lutte « antiterroriste » est en fait une guerre contre les libertés. Cette guerre contre les libertés est la première étape d'une guerre contre les populations. Et le Military Commission Act est une loi pénale qui a un caractère mondial, et qui, en fait, est un acte d'une souveraineté impériale. C'est une loi qui confond rapport de police et rapport de guerre. C'est la mise en place d'une nouvelle forme d'État mondial qui, en intégrant fonctions de police et de guerre, lutte contre ses propres populations

    Chose importante, cette loi s'applique au niveau mondial, elle donne la possibilité aux États-Unis, non seulement d'enlever, mais, surtout de se faire remettre n'importe quel citoyen dans le monde, c'est-à-dire des gens qu'ils ont qualifiés d'« ennemis combattants ».

    Les accords européens d'extradition avec les États-Unis ne s'opposent pas à ce que les gens désignés comme « ennemis combattants » puissent être transférés aux États-Unis. C'est donc une loi qui a une portée mondiale. C'est un Acte constitif de l'Empire.

    Actuellement, c'est le droit pénal qui est constituant. Ceci a déjà existé dans l'histoire de nos sociétés. Le droit pénal exerce un rôle constitutant dans les périodes de transition (par exemple, au début du capitalisme le droit pénal a été dominant).

    Si le droit pénal est actuellement dominant, c'est qu'il se prépare une nouvelle forme de droit de propriété. Ce que l'on pourrait appeler la fin de « la propriété de soi ». L'ensemble de nos données personnelles ne nous appartiennent plus. Elles appartiennent à l'État, mais également aux firmes privées. La domination du droit pénal prépare la mise en place de ce futur droit privé.

    Silvia Cattori : Les gens pensent généralement que ces mesures ne touchent que des individus précis ?

    Jean-Claude Paye : Elles touchent tout le monde. Elles touchent toute forme de résistance. Un « terroriste » c'est devenu quelqu'un qui ne veut pas abandonner ses libertés au pouvoir, quelqu'un qui veut vivre.

    Silvia Cattori : Depuis cet été, les États-Unis considèrent comme suspects de « terrorisme » les opposants à leur politique en Irak et au Liban [13]. Le directeur de l'agence de presse libanaise New Orient News, membre du Réseau Voltaire, y figure déjà. L'administration Bush aurait demandé au cabinet Sarkozy, de transcrire en droit français les nouvelles listes d'opposants politiques et d'y faire figurer le journaliste Thierry Meyssan, déjà personna non grata sur le territoire des États-Unis. Cela vous étonne-t-il ?

    Jean-Claude Paye : Je n'étais pas au courant de la demande concrète de M. Bush relative à Thierry Meyssan. Mais c'est un contexte de pur rapport de force à un moment déterminé. Quand on songe à l'hystérie que des soi-disant « intellectuels » français ont développée, et aux attaques que Thierry Meyssan a subies en France depuis la sortie de son livre sur les attentats du 11 septembre [14] qui osait poser les questions qu'il fallait se poser, rien ne peut plus vous étonner.

    Mon travail montre, que les dispositions « antiterroristes » ont pour objet de s'attaquer aux opposants politiques ainsi qu'aux populations et pas seulement aux « islamistes ». On ne peut donc pas être fondamentalement surpris, si cela se vérifie, d'une éventuelle inscription de Thierry Meyssan sur les listes « terroristes ». Cependant, cela indiquerait que nous avons franchi une nouvelle étape dans la criminalisation de la parole d'opposition. Cela indiquerait que le pouvoir se sentirait parfaitement à l'aise, en mettant au grand jour des objectifs qu'il a toujours niés jusqu'à présent.

    Qui peut croire la thèse gouvernementale des attentats du 11 septembre ? Qui peut croire qu'une tour touchée par un avion tombe de façon contrôlée ? Le problème est que les États-Unis donnent tous les renseignements qui permettent de remettre en cause leur thèse, et les gens font semblant de croire. Nous sommes dans un mécanisme pervers, dans lequel l'individu, pour ne pas affronter le Réel, fait semblant de croire l'invraisemblable.

    Silvia Cattori : Alors même que Thierry Meyssan a révélé des faits qu'il eut fallu prendre au sérieux, curieusement, les journalistes en général l'ont esquinté.

    Jean-Claude Paye : À qui appartiennent ces journaux qui ont diffamé Thierry Meyssan ? Ces « journalistes » sont des gens qui recopient ce qu'on leur dit de dire. Connaissez-vous beaucoup de journalistes « officiels » qui vérifient leurs sources et qui font un travail d'investigation sérieux ?

    Silvia Cattori : Vos livres sont importants pour tous ceux qui défendent les libertés.

    Jean-Claude Paye : J'ai écrit ces livres parce que je crois qu'il était nécessaire de le faire. Quand j'ai vu ces lois passer en Belgique et partout dans le monde, tout allait dans le même sens. Il fallait faire ressortir cette cohérence. Il y a peu de gens qui font ce travail. Je suis quasiment le seul à travailler de manière globale. Toutes ces données ne sont pas rassemblées. Je dois les collecter, faire le travail des juristes et en même temps mon travail de sociologue, de pouvoir penser la nouvelle forme d'organisation du pouvoir. Mes travaux prennent en compte les deux côtés de l'Atlantique. Ils étudient non seulement les lois anti-terroristes mais toutes les lois de contrôle social. Cela forme un tout.

    Entretien réalisé le 30 août 2007.

    Silvia Cattori
    Journaliste suisse


    [1] La fin de l'État de droit. La lutte antiterroriste : de l'état d'exception à la dictature. La Dispute, Paris, 2004. Ce livre est publié en italien chez Manifesto libri, en allemand chez Rotpunktverlag.
    Global War on Liberty. Éditions Telos Press, New York 2007. La traduction en turc sortira prochainement chez IMGE, en espagnol chez HIRU, en néerlandais chez EPO.

    [2] 2) Le Patriot Act est défini comme une « Loi pour unir et renforcer l'Amérique en fournissant les outils appropriés pour déceler et contrer le terrorisme ». Voté par le Congrès des États-Unis, il a été signé par George W. Bush, le 26 octobre 2001. Adopté à titre provisoire, ce dispositif d'exception venait à expiration le 31 décembre 2005, mais il a été prolongé par la Chambre des représentants et se pérénise. Parmi les seize dispositions du Patriot Act, assurant un contrôle généralisé des populations, quatorze ont été rendues permanentes. Cette loi permet également au gouvernement des États-Unis de détenir sans limite et sans inculpation tout ressortissant étranger qu'il soupçonne de « terrorisme ».

    [3] « L'OTAN : du Gladio aux vols secrets de la CIA », par Ossama Lotfy, Réseau Voltaire, 24 avril 2007.

    [4] Les jugements de première instance et d'appel ont été annulés par la Cour de Cassation de Bruxelles en juin 2007. Ce procès recommence en appel ce 13 septembre à Anvers.

    [5] Le chapitre VIII de la loi n°2006-64, publiée au Journal officiel du 24 janvier 2006, stipule que toute personne morale ou physique qui a été en relation avec une personne inscrite sur les listes européennes de suspects de financement du terrorisme par exemple (lesquelles comprennent des listes d'opposants à la politique des États-Unis en Irak et au Liban) doit répondre à toute question relative à cette relation. Dans le cas où il disposerait de ressources ou de biens dont il ne pourrait justifier l'origine, il serait considéré, par défaut, comme les ayant reçus dans le cadre d'une activité « terroriste ». La France peut bloquer ses avoirs, tandis qu'un juge anti-terroriste peut le faire arrêter et incarcérer, puis le faire juger et peut-être condamner à 3 ans d'emprisonnement et à 75 000 euros d'amende.

    [6] « La CIA possède des prisons secrètes en Europe », par D. E., Réseau Voltaire, 10 novembre 2005.

    [7] « L'Union européenne a autorisé par écrit les prisons secrètes de la CIA dès janvier 2003 », Réseau Voltaire, 13 décembre 2005.

    [8] « L'Euro Patriot Act », Réseau Voltaire, 17 novembre 2003.

    [9] « La loi Ashcroft-Perben II » et « La France autorise l'action des services US sur son territoire », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18 février et 8 mars 2004.

    [10] « Faut-il combattre la tyrannie avec les instruments des tyrans ? », par Dick Marty, Réseau Voltaire, 22 mars 2007.

    [11] « La CIA a contrôlé les transactions financières du monde entier via la société SWIFT », par Grégoire Seither : et « SWIFT : le Trésor états-unien au-dessus des lois européennes », Réseau Voltaire, 26 juin et 29 septembre 2006.

    [12] « La majorité des États-Uniens souhaite une enquête sur le rôle de MM. Bush et Cheney dans les attentats du 11/9 », Réseau Voltaire, 7 septembre 2007.

    [13] La qualification de « terroriste » a été étendue par le président George W. Bush aux opposants politiques par l'Executive Order 13438— Blocking Property of Certain Persons Who Threaten Stabilization Efforts in Iraq (signé le 17 juillet 2007) et l'Executive Order 13441—Blocking Property of Persons Undermining the Sovereignty of Lebanon or Its Democratic Processes and Institutions (signé le 1er août 2007).

    [14] L'Effroyable imposture, éd. Carnot, 2002. Réédition Demi-lune, 2007.

     

    Un débat public inexistant

    Toutes ces mesures et technologies nous sont présentées par la propagande des mass médias comme nécessaires, bénéfiques, sécurisantes. En cela, la presse écrite ou télévisée applique ce que ceux qui la dirigent (les groupes transnationaux ou le gouvernement) lui ordonnent.

    Les citoyens sont ainsi maintenus dans une vision biaisée et orientée, et dans l'ignorance des dangers et dérives réels des lois et technologies liberticides. Cela empêche bien évidemment les réactions populaires (« ne pas faire de vagues » = un des grands principes des médias).

    Quant au débat public, fort est de constater qu'il est inexistant ou en tout cas réduit à son plus strict minimum.

    Il faut de plus signaler que toutes ces lois et mesures liberticides sont prises sans la moindre consultation populaire démocratique. Les gens au pouvoir décident, éventuellement en concertation avec les secteurs de l'industrie concernés. Le processus dit « démocratique » se limite à cela.

    On nous présente de plus comme « inévitable », sous des prétextes de soi-disant « sécurité » et de soi-disant « humanisme », le fait que nous devrions abandonner une partie de nos libertés et de notre vie privée. Ceci est bien entendu une escroquerie totale et une façon fourbe de « justifier » l'agrandissement systématique des pouvoirs de l'état et la dictature.

    Il serait grand temps que les citoyens du monde et de notre pays se réveillent et se battent pour conserver ce que leurs ancêtres ont acquis parfois au prix de leur vie : une démocratie véritable, des libertés, une vie privée et des droits inaliénables.

    Sans quoi, la société de demain risque fort de ressembler à celle de l'Allemagne d'il y a 65 ans, ou pire encore...

     


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  • communique (Eric Lee):
    Cette semaine :
    • Royaume-Uni : menaces et licenciements suivent notre campagne en ligne
    Royaume-Uni : menaces et licenciements suivent notre campagne en ligne

    La semaine dernière, nous avons sollicité votre participation pour prêter main forte aux employés des maisons de retraite médicalisées du nord londonien. Leur employeur Fremantle diminue leurs salaires de 30% après avoir repris ce marché au secteur public. En quelques heures, le Directeur Général de Fremantle a reçu plusieurs milliers de messages. Au cours du week-end, le cap des 5 000 messages a été franchi.

    La réaction de l'employeur a été rapide. Dès le vendredi après-midi, il m'a envoyé un courriel menaçant LabourStart d'un procès en diffamation. (Vous savez peut être qu'au Royaume Uni les lois régissant la notion de diffamation favorisent le plaignant et sont utilisés par les entreprises afin de faire taire les groupes de pression.)
    Andrew Rogers, délégué syndical d'UNISON, licencié cette semaine
    Quelques jours plus tard, Fremantle est devenu encore plus agressif. Le délégué syndical d'UNISON, Andrew Rogers (voir photo), a été licencié.

    On me dit que comportement est tout à fait représentatif du fonctionnement de cette entreprise dont le dirigeant se croit investi d'un droit divin. Il nous demande de cesser cette campagne, de ne pas dire des choses négatives lui concernant et d'arrêter d'envoyer des messages.

    Je dis : transformons l'inondation en tsunami ! Augmentons la pression de plusieurs crans !

    Si vous n'avez pas envoyé un message, merci de le faire tout de suite en allant ici .

    Si vous avez déjà envoyé un message, vous pouvez rédiger un second...

    Pensez aussi à faire circuler ce courriel pour que d'autres nous rejoignent. Il y a un lien pour cela en bas de page.

    Aujourd'hui, LabourStart a lancé une campagne d'annonces sur Google pour renforcer encore davantage la pression mise sur cette compagnie. Ces campagnes ont bien sûr un coût. Vous pouvez contribuer en cliquant ce lien.
    Je sais que nous pouvons compter encore une fois sur votre solidarité et votre générosité.

    Nous ne serons pas intimidés ! La campagne continue !

     

    Dans le contexte actuel, le développement de ce qu'on peut appeler "L'EMPIRE DES CANNIBALES " résister pied à pied, sasn plu jamais se laiser intimider, sans plus jamais reculer (puisqu'on parle de l'Angleterre, c'est carrèment une résolution Churchillienne qu'il faut avoir), car les dérives perverses du capitalisme sans freins s'emballent:
    une des escroqueries où conduit tout droit le "libéralisme" ("libertés individuelles" qu'y disent!!!)
    http://management.silicon.com/itdirector/0,39024673,39164968,00.htm
    http://le-poireau-rouge.blogspot.co


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  •  Lisez cet appel de Labourstart
     
     
     
    Notre courriel cette semaine sera assez court et assez direct.

    Des salariés employés dans des maisons de retraite du nord londonien (Royaume-Uni) ont reçu un ultimatum de leur employeur - une fondation privée nommée Fremantle - que leur salaires seront abaissés de 30%, leurs horaires de travail rallongés, leur régime de prévoyance zappé et leurs pensions de retraite diminuées.
    Leur syndicat, UNISON, demande une campagne internationale de soutien de ces travailleurs dévoués qui rendent un service immesurable à la communauté toute entière et en particulier, aux salariés d'autres secteurs qui ne peuvent plus assumer la charge physique et financière de leurs parents..

    Si vous habitez au Royaume-Uni, vous allez vous inquiéter que des organismes privés puissent traiter leurs salariés de cette façon.

    Si vous travaillez ailleurs dans le monde dans le secteur public, vous allez vous rendre compte que cette situation sera la votre, demain !

    Si vous dépendez d'un organisme public pour assurer le bien-être de vos proches, vous comprendrez aussi que leur bonheur est fonction du bonheur de ceux et celles qui les soignent.

    Jour après jour, les multinationales grignotent en sous-traitance de la gestion des établissements publics équilibrant leurs comptes avec des emplois en moins, des salaires et des conditions de travail à la baisse. Leurs actionnaires milliardaires sont rémunérés au détriment de la tranquillité d'esprit des familles financièrement lessivées des pensionnaires. Les salariés formés et consciencieux rémunérés en conséquence sont remplacés par des employés à bas salaires à taux de rotation élevé. Avec toutes les conséquences que cela implique pour nos aïeux. Comment prêter attention à se soucier de ses pensionnaires quant on est préoccupé du bouclage de la fin du mois ?
    Cela vous prendra quelques secondes à remplir votre nom et adresse courriel et d'envoyer un message de forte protestation au P.-D.G. de cette fondation privée sans scrupules. Si nous nous y mettions tous, nous sommes en mesure de remplir sa boîte de réception dès aujourd'hui avec des milliers de messages provenant de tous les pays du monde.

    On peut faire la différence ! Plus que jamais, on compte sur vous !
    Participez à notre campagne dès maintenant.

    Et merci d'envoyer ce message à un ami.

    Eric Lee
    Si vous aviez encore des doutes sur ce que c'est que la nature du capitalisme, et sur ce qu'entraîne le règne du "Libéralisme" .....
    Il est plus que temsp de reprendre la llutte des clases, sinon votre avenir (et encore plus celui de vos enfants) va être très très sinistre ......

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  • L'image « http://terresacree.org/images/lemurien4.jpg » ne peut être affichée, car elle contient des erreurs.

     

    Les menaces d'EFFONDREMENT de la biodiversité s'accumulent

    lisez l'article sur Le Monde:

    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-889326,0.html

     


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  • La Préfecture de l'Oise continue de semer la terreur !

    Ce sont cette fois Galip et Hakim SONMEZ, turques, d'origine kurde,
    qui sont touchés. Ce jeune couple est arrivé clandestinement en France
    le12/10/02 avec Selhat et Fivat, des jumeaux âgés tout juste d'un an.
    Ces derniers ont maintenant 5 ans. Depuis, le couple a eu deux autres
    enfants, tous deux nés en France : Azad né en juin 2003 et Silan née en
    septembre 2004. Galip a du fuir la Turquie car il avait participé à des
    activités politiques organisées par le mouvement HADEP, mouvement kurde
    dissout depuis par les autorités turques. Il était recherché par les
    forces de l'ordre. En tant que kurde et militant, il craignait à juste
    titre de subir tortures et mauvais traitements et d'être incarcéré.
    Galip ne peut toujours pas envisager de retourner en Turquie en raison
    des menaces qui pèsent sur lui et sa famille du fait de leur origine et
    de son passé de militant. Les enfants n'ont de manière évidente aucun
    lien avec la Turquie. Le haut Commissariat au Réfugiés signalait encore
    récemment que les kurdes rapatriés courraient de gros risques
    d'arrestation dès leur arrivée, d'autant plus s'ils étaient soupçonnés
    d'être proches de mouvements politiques contestés par les autorités.


    Le 6 septembre dernier, le Préfet a refusé la demande de carte vie
    familiale effectuée suite à la circulaire Sarkozy. Il n'a avancé aucun
    motif précis pour justifier ce refus (la famille répondait à tous les
    critères de la circulaire).


    L'arrêté de reconduite du 30/11/06 à été notifié ce 04/01/07. Il est
    absolument impossible pour Hakim et Galip d'envisager un retour. Quelle
    solution pour cette famille avec 4 très jeunes enfants ? Ils ont déjà
    connu la galère, en Turquie et à Creil en janvier 2005. En effet, à ce
    moment là, ils étaient sans logement en plein hiver avec leurs 4
    enfants. Ils ont été orientés en urgence vers le foyer AFTAM de Noyon
    où ils sont encore aujourd'hui, malgré l'absence de droit à hébergement
    et malgré les risques d'interpellation, car ils n'ont pas d'autre
    solution. En juillet, nous avions tous cru à une régularisation. Nous
    pensions, comme le laissait espérer la circulaire, que cette famille
    allait pouvoir enfin bénéficier des moyens de poursuivre leur
    intégration. Galip avait déjà plusieurs possibilités d'embauche. Il a
    des compétences dans le bâtiment. Les enfants, perturbés par leur
    histoire, les difficultés et angoisses de leurs parents, avaient enfin
    retrouvé un équilibre. Ils sont régulièrement scolarisés. Nous sommes
    très inquiets et démunis pour aider cette famille. Nous faisons appel
    au soutien de tous et à une large solidarité. Le recours devant le
    Tribunal Administratif d'Amiens va être rédigé avec l'aide de Maître
    Caron, nous vous tenons informés. Dans l'immédiat, nous appelons
    chacune et chacun, les élus, les organisations... à envoyer des
    messages de protestation au Préfet de l'Oise (en reprenant même
    brièvement l'historique ci-dessus et en réclamant l'abrogation
    immédiate de cet APRF et la délivrance pour cette famille d'un titre de
    séjour humanitaire ou "vie privée et familiale" :


    par mel : courrier@oise.pref.gouv.fr et/ ou valerie.lepicard@oise.pref.gouv.fr ou par fax : 03 44 06 11 30


    Possibilité d'envoyer des fax(s) gratuits sur le site : http://www.alliancemca.net/faxgratuit.html jeudi 4 janvier 2007.

     

    Nouvel Arrêté de reconduite à la frontière (APRF) pour une famille de militants kurdes réfugiés dans l'Oise. Source : resf


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