• Du fascisme à l'ancienne au fascisme moderne

    Le fascisme sanitaire avance à grands pas.

    Il ne fait pas bon être trop enrobé, ou fumeur, ou les deux, chez Scotts Miracle-Gro, une entreprise de produits de jardinage de l’Ohio. Les employés en surpoids, les fumeurs, sont sommés de maigrir ou d’arrêter le tabagisme sous peine d’une surtaxe des cotisations sociales. Weico, une entreprise de services du Michigan, va encore plus loin et menace gros et fumeurs d’un licenciement pur et simple.
    Les employés sont scrutés au moyen de questionnaires (combien de fruits et légumes par jour ? Combien d’alcool ? Combien de rapports sexuels ? Pratique-t-on un sport régulièrement ? Est-ce un sport dangereux ?) et au moyen de tests sanguins (recherche de diabète, de cholestérol, de nicotine dans le sang).
    Des aides diverses et des traitements sont proposés aux salariés (coachs santé, salles de gym, traitements anti-tabac…) avec une obligation de résultat : il ne s’agit pas d’essayer, il faut arrêter le tabac et impérativement perdre du poids. (*)
    Nous y voilà : le fascisme sanitaire s’installe peu à peu en Occident. Les corps doivent être lisses, jeunes et beaux, faute de quoi on est mis à l’écart du monde du travail, de la société. On n’est pas assez performant, on coûte statistiquement trop cher, on donne mauvaise conscience à tous ceux qui consomment, non pas de la malbouffe à n’en plus finir (c’est mal), mais la multitude d’objets et de biens de consommation divers produits par le monde consumériste (c’est bien).
    Le fascisme à l’ancienne faisait la chasse aux races inférieures ainsi qu’à leurs ferments qui polluaient le corps viril de la nation. Le fascisme sanitaire veut éradiquer les corps non conformes qui coûtent trop, qui ralentissent la production, qui découragent la consommation, qui font tache dans le paysage.
    On voudrait que la maladie obésité soit due à un défaut d’hygiène physique et mentale, à des dysfonctionnements dans ses façons de penser et de vivre, à des fautes témoignant d’une faiblesse morale. Voilà qui permettrait de moraliser à son aise.
    À moins que ce ne soient les gènes qui ne soient défectueux. En d’autres temps, on avait songé à éliminer physiquement les non conformes ou à les empêcher de se reproduire. Aujourd’hui, on rêve de faire maigrir les gros ou de faire grandir les petits par thérapie génique. La méthode est plus douce, le but n’a pas changé.
    L’intolérance aux individus "non conformes" me paraît aller croissant. J’appelle nos gouvernants à la plus grande prudence : il est si facile de se laisser déborder par ses propres idées. Qui sait où conduira le culte échevelé du corps, de la beauté, de la santé physique et mentale, le rejet de tous les « déviants » ? Cette nouvelle bien-pensance qui se met en place suscite déjà des comportements réactionnels : de même que l’augmentation des conduites à risque peut être comprise comme une réponse au principe de précaution, être gros, sédentaire et fumeur peuvent aisément devenir un moyen d’affirmer son refus d’une normativité corporelle exacerbée.
    Pourtant, me direz-vous, comment ne pas désirer une meilleure santé, un meilleur confort corporel ? Certes, mais est-ce toujours possible ?
    Certains, qui sont gros en raison de souffrances psychologiques et émotionnelles, qui utilisent la nourriture comme un pare-excitation, qui haïssent leur corps et passent leur temps à le punir, peuvent maigrir dès lors qu’ils progressent sur le plan psychologique. D’autres ont cependant une marge de manœuvre qui, sans être inexistante, s’avère plus qu’étroite. Ils peuvent s’alléger, mais sans pour autant rejoindre les standards.
    Dans tous les cas, maigrir sur un mode volontariste ne peut qu’aboutir, à moyen et long terme, qu’à davantage d’obésité.
    Lorsqu’on ne peut pas être autre que ce qu’on est, que faire, si ce n’est la paix avec soi-même, afin de vivre sa vie du mieux que l’on peut ? Il incombe à la société de laisser chacun s’épanouir à sa façon, et éventuellement, de venir en aide à ceux qui sont dans la souffrance, physique ou mentale, sans pour autant leur imposer des transformations hors de leur portée.

    Gérard Apfeldorfer

    http://www.gros.org/ressources/lettre-mensuelle/les-lettres-mensuelles-2008#sep

     

    Puis, ils changèrent les bases mêmes du droit, on n'était plus coupable d’un meurtre ou d’un vol, on devenait soudain coupable du risque potentiel d’un meurtre ou d’un vol?: risque potentiel de l’alcool au volant, risque potentiel de la drogue au volant, risque potentiel de la vitesse élevée, risque potentiel sans ceinture, risque potentiel sans gilet jaune, risque potentiel du tabac dans les bistrots, risque potentiel terroriste, risque potentiel des plantes de la nature, risque potentiel chez les moins de cinq ans, risque potentiel chez les gros, risque potentiel de mauvaise éducation des enfants, etc. Au nom du risque potentiel on pouvait autoriser une société totalitaire, mais c’était pour notre bien, alors, on devait s’estimer très heureux… Même si certains pouvaient tuer plus de 500 000 Irakiens, sans aller en prison et sans aucun risque potentiel. ("Julien" pour le site "noslibertés" )


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